La justice transitionnelle au Maroc représente un tournant décisif dans le processus politique national, marquant une étape clé vers le parachèvement de l’État de droit et la consolidation des institutions démocratiques. Dans un message adressé aux participants du Symposium international sur « la Justice Transitionnelle », Sa Majesté le Roi Mohammed VI a souligné l’importance de cette expérience, qualifiée de singulière et pionnière, non seulement pour le Maroc, mais aussi pour la région arabe et africaine.
Le Souverain a précisé que le Maroc a ouvert la voie à une transition démocratique fluide et consensuelle, en introduisant et en développant le concept de justice transitionnelle dans un contexte régional complexe. Grâce à cette initiative, le Royaume a joué un rôle de précurseur en influençant positivement plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui ont vu dans l’expérience marocaine un modèle à suivre.
L’impact de ce modèle dépasse les frontières du Royaume. En effet, il a contribué de manière significative à l’évolution du concept et des pratiques de la justice transitionnelle, non seulement au niveau régional, mais aussi continental et international. Ce succès a été largement salué par la communauté internationale, comme l’a rappelé le message royal.
Le modèle marocain de justice transitionnelle se distingue par sa construction réfléchie et ses racines profondes dans l’histoire du pays. Il repose sur des principes qui tiennent compte de la personnalité propre du peuple marocain, tout en intégrant des considérations géographiques et territoriales particulières. L’objectif fondamental a été de porter une attention particulière à toutes les victimes, sans distinction de leurs origines ou obédiences, et de traiter les violations des droits de l’homme survenues depuis les premières années de l’indépendance jusqu’à la création de l’Instance Équité et Réconciliation.
Dans cette démarche, des enquêtes de terrain ont été menées, accompagnées d’auditions publiques dans les villes et villages du pays, permettant ainsi de recueillir les témoignages nécessaires pour établir la vérité et réparer les préjudices individuels et collectifs. Cette approche a permis de dresser un tableau complet des violations passées, sans négliger aucune d’entre elles, qu’elles soient grandes ou petites.
La justice transitionnelle marocaine s’est inscrite dans un cadre inclusif, où toutes les sensibilités de la société civile ont été impliquées, de la conception à l’application des réformes. Cela a ouvert l’espace public à des débats sur les questions de fond, permettant à la société marocaine de discuter de manière ouverte et participative des réformes nécessaires pour avancer vers une véritable réconciliation nationale.
Cette approche a permis de renforcer la prise de conscience collective en matière de lutte contre les violations des droits de l’homme, tout en affirmant la nécessité de poursuivre la consolidation de l’État de droit. L’objectif reste de garantir le respect et la protection des droits et libertés, tout en veillant à ce que leur exercice se fasse de manière responsable et équilibrée, en accord avec les obligations citoyennes.
L’expérience marocaine de justice transitionnelle a permis d’en tirer des leçons précieuses, notamment la nécessité de continuer à renforcer l’État de droit et à garantir les droits fondamentaux. Ce processus est un modèle qui peut servir d’inspiration à d’autres nations, non seulement pour guérir les blessures du passé, mais aussi pour garantir un avenir démocratique, fondé sur la justice, la transparence et la réconciliation.