Le terme cyberguerre (Cyberwarfare) désigne l’utilisation des ordinateurs et d’Internet pour attaquer des ennemis par le biais de hackers. Ce qui s’est produit récemment avec le ciblage de sites gouvernementaux marocains constitue une violation de la souveraineté numérique du pays, une attaque menée par des pirates qui commettent des actes de sabotage assimilables à du terrorisme, franchissant toutes les limites morales et souveraines, causant des préjudices aux institutions, aux fonctionnaires et aux civils.
Les données personnelles doivent être inviolables, tout comme l’État, qui jouit d’une immunité et d’une souveraineté que nul ne peut bafouer ou attaquer par des méthodes déloyales et illégales.
Ainsi, les failles numériques des systèmes de l’État sont devenues une priorité nationale. Ne pas les sécuriser ouvre la voie à la répétition des attaques et à la propagation du chaos dans le monde numérique. Il est donc impératif que les instituts, universités et experts lancent une révolution numérique pour atteindre l’indépendance technologique et la souveraineté numérique du Maroc, et protéger l’utilisation des systèmes d’information nationaux contre les dommages, les vols ou la manipulation des données de l’État.
Le hacker, ou criminel masqué, est un criminel dit intelligent, qui, après avoir obtenu une « certification en cybercriminalité », apprend à pénétrer les systèmes informatiques et maîtrise les techniques de piratage de manière scientifique. Il devient parfois plus compétent que ceux qui ont conçu les systèmes eux-mêmes, capable alors de mener des guerres électroniques par procuration, en signant des « contrats militaires bleus », s’il agit bien sûr depuis l’extérieur des institutions militaires d’un État agresseur. Ces pirates, spécialistes de la gestion des conflits via Internet, mènent désormais des guerres visant à détruire les cerveaux électroniques de l’État ennemi, dans un contexte où tous les systèmes actuels restent vulnérables à cause des failles qu’ils contiennent, à l’instar de Microsoft, qui lutte pour survivre malgré une équipe composée des hackers les plus réputés chargés de combler les brèches de Windows. Chaque mois, l’entreprise publie un correctif pour contrer des virus parfois impossibles à arrêter, comme Sasser, un ver qui, une fois entré dans un système, contamine tous les appareils du réseau.
Aujourd’hui, la guerre cybernétique représente une menace sécuritaire réelle pour les États, les institutions et les individus. En plus du vol de données (financières, médicales, militaires ou sécuritaires) obtenu par fraude, elle permet de saboter les systèmes électroniques à distance, de paralyser les logiciels de l’administration, de causer des pertes matérielles et d’infliger un tort moral aux dirigeants et aux citoyens, allant jusqu’à détruire à distance des appareils et tuer ceux qui les utilisent.
À notre époque, la guerre cybernétique, qui se déroule sur de multiples fronts, est devenue une doctrine dominante dans la pensée militaire de nombreux États en faillite, qui ont constitué des armées opérant derrière des écrans, à la recherche de la faille permettant de vaincre un adversaire simplement en appuyant sur un bouton.
La paix cybernétique devient ainsi un sujet central dans le domaine des relations internationales, souvent entachées par les menaces d’usage abusif de l’espace numérique.
Les États-Unis disposent du United States Cyber Command (USCYBERCOM), l’un des dix commandements militaires relevant du Département de la Défense. Il est chargé de centraliser les opérations dans le cyberespace et de renforcer la cybersécurité et l’expertise du Pentagone.
En Allemagne, le Comité des droits civiques allemand (FIfF) mène une campagne pour la paix cybernétique, visant à contrôler les armes numériques, les technologies de surveillance, s’opposant à la militarisation de l’espace numérique et à la production de logiciels offensifs. L’objectif est de créer des centres de cybersécurité, de renforcer les infrastructures de sécurité numérique, de combler les failles, de développer des stratégies de défense et de réguler l’usage massif des outils de cryptage et autres technologies de défense.
Aujourd’hui, le Maroc est appelé à déposer une plainte concernant les atteintes à la paix et à la sécurité numériques dont il est victime, et à mettre en place deux commandements spécialisés : l’un militaire, l’autre sécuritaire, pour défendre la souveraineté nationale liée aux infrastructures essentielles, telles que les télécommunications, les transports, l’énergie, la sécurité des réseaux, du cloud, des objets connectés et des applications, tout en protégeant les données des institutions et les informations personnelles contre toute atteinte.
Dr Ahmed Dardari
Président du Centre international de veille des crises et d’anticipation des politiques