L’huile d’olive, élément central de la cuisine marocaine, devient de plus en plus inaccessible pour de nombreuses familles en raison de la hausse significative des prix, causée par des années successives de sécheresse qui ont gravement impacté la production.
La récolte et le pressage des olives, qui débutent traditionnellement en novembre, représentent une période clé pour les Marocains, qui s’efforcent de constituer leurs réserves d’huile pour l’année. Cependant, les cinq dernières années ont connu une baisse notable des rendements, attribuée principalement aux conditions climatiques difficiles.
Selon les estimations du ministère de l’Agriculture, la production nationale d’huile d’olive devrait atteindre seulement 90 000 tonnes cette année, bien en deçà des besoins de consommation qui oscillent entre 130 000 et 140 000 tonnes. Les experts signalent une chute de 40 % de la production comparée à une saison normale.
Face à cette situation, le gouvernement a adopté un décret en octobre dernier pour suspendre les droits de douane sur les importations d’huile d’olive vierge et vierge extra. Cette mesure vise à garantir l’approvisionnement du marché et à stabiliser les prix, mais l’effet reste limité en raison du coût élevé de la production, incluant la main-d’œuvre et les charges énergétiques.
Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive, a salué cette décision, la qualifiant de « positive », tout en insistant sur la nécessité de contrôler la qualité des huiles importées et de protéger les consommateurs des produits non conformes.
Les conditions climatiques, en particulier la sécheresse et les vagues de chaleur, ont eu un impact considérable sur les rendements des oliviers, notamment dans des régions comme Al Haouz. Bouazza Kharrati, président de l’Union marocaine des droits des consommateurs, souligne que le rendement des olives a chuté, produisant désormais entre 12 et 15 litres d’huile par quintal.
Par ailleurs, le prix du litre d’huile d’olive varie selon les régions : 80 dirhams dans l’Oriental, contre 120 dirhams ou plus dans d’autres localités. Cette flambée des prix est également attribuée à des pratiques spéculatives de certains intermédiaires, accusés de thésauriser l’huile pour contrôler les prix.
Malgré ces défis, la filière oléicole conserve une place essentielle dans l’économie marocaine. Selon le ministère de l’Agriculture, elle génère plus de 50 millions de journées de travail par an et couvre 68 % des surfaces dédiées aux arbres fruitiers.
Les régions de Fès-Meknès et Marrakech-Safi concentrent 54 % des superficies consacrées à la culture de l’olivier. Pour assurer l’avenir de cette culture stratégique, il est impératif d’adopter des techniques modernes, comme l’irrigation au goutte-à-goutte et la sélection de variétés adaptées à chaque région.
Dans un contexte de crises climatiques et économiques, l’engagement de tous les acteurs – autorités, producteurs et consommateurs – est crucial pour garantir la disponibilité de l’huile d’olive à des prix abordables et pérenniser cette culture emblématique du Maroc.