Réunie vendredi 4 juillet, la FMEJ a concentré ses travaux sur le projet de loi n°26.25 relatif à la réorganisation du Conseil National de la Presse (CNP), ainsi que sur le projet n°27.25 modifiant la loi encadrant le statut des journalistes professionnels. Deux textes qui, selon la Fédération, soulèvent une vive inquiétude aussi bien au sein de la profession qu’auprès des défenseurs des droits humains et de la société civile.
Dans son communiqué, la FMEJ dénonce l’absence totale de concertation autour de ces textes, en rupture avec les pratiques instaurées par les gouvernements précédents. Elle pointe notamment une disposition jugée discriminatoire : la délégation, et non l’élection, des représentants des éditeurs au sein du CNP, contrairement aux journalistes, qui continueraient à être élus. Une mesure que la Fédération considère comme contraire à l’article 28 de la Constitution, mettant en péril l’indépendance de l’instance censée jouer un rôle d’autorégulation.
Autre sujet de discorde : la répartition des voix entre entreprises de presse, qui pourrait, selon le texte, accorder une influence disproportionnée aux structures les plus capitalisées. La FMEJ y voit une dérive inquiétante vers une monopolisation de la représentation, au détriment du pluralisme et de l’égalité entre les acteurs du secteur.
Le bureau exécutif déplore également plusieurs « aberrations » contenues dans les projets de loi, comme l’ouverture des élections à l’ensemble des journalistes, sans distinction entre presse écrite, audiovisuelle ou agences, ce qui risque de fausser la représentativité. Il critique aussi la révision de la gouvernance interne du CNP, notamment l’abolition du principe d’alternance à la présidence entre éditeurs et journalistes, la prolongation du mandat de la présidence de quatre à cinq ans, ainsi que l’introduction de nouvelles sanctions, comme la suspension des journaux.
La Fédération dénonce enfin ce qu’elle qualifie de « mise en scène mal orchestrée » par le ministère de tutelle, accusé de diriger une démarche législative motivée par des intérêts partisans et une logique d’exclusion. Elle fustige également le rôle de certaines parties professionnelles qu’elle juge complices du recul que connaît le secteur.
Face à cette situation, la FMEJ appelle l’ensemble des parlementaires à faire preuve de responsabilité historique et à rejeter ces textes, au nom de la liberté de la presse, du respect des principes constitutionnels et de la sauvegarde de l’image démocratique du Royaume.
Fière de son parcours et de son engagement pour un journalisme éthique, libre et responsable, la Fédération réaffirme sa mobilisation pour défendre les acquis du secteur. Elle invite tous les professionnels, les organisations syndicales, les défenseurs des droits humains et les forces démocratiques à s’unir contre cette régression et à défendre une presse indépendante, véritable pilier de la démocratie.