Des spéculations et affirmations contradictoires ont récemment envahi les réseaux sociaux et certains sites d’information, faisant état d’une interdiction de quitter le territoire national imposée à M.M. Les raisons évoquées sont multiples et souvent erronées. Pour faire la lumière sur ce dossier, nous avons interrogé M. Zouhair Lahrach, Premier Substitut du Procureur du Roi près le Tribunal de première instance de Rabat.
Contrairement aux informations relayées, cette interdiction de voyager n’a aucun lien avec les activités politiques, académiques ou l’exercice des droits fondamentaux de l’intéressé. M. Lahrach précise que l’affaire repose sur des soupçons concrets de blanchiment d’argent, nourris par des virements financiers importants en provenance de l’étranger ainsi que par la détention suspecte de plusieurs biens immobiliers. Ces éléments ont donné lieu à une enquête préliminaire menée sous l’autorité du Parquet.
À l’issue de cette première phase, M.M a été déféré devant le procureur du Roi qui a saisi le juge d’instruction en requérant l’ouverture d’une enquête approfondie en vertu des articles 574-1 à 574-3 du Code pénal marocain. Ces dispositions encadrent les crimes relatifs au blanchiment de capitaux.
Concernant la mesure de fermeture des frontières, elle s’appuie juridiquement sur l’article 142 du Code de procédure pénale. Ce dernier permet au juge d’ordonner de telles restrictions pour empêcher toute tentative de fuite pendant la période de l’instruction. Cette mesure a également été accompagnée du retrait du passeport de M.M.
« Il est important de souligner que cette décision est entièrement encadrée par la loi et n’est soumise ni à une durée limitée ni à des conditions spécifiques, contrairement à ce que certaines déclarations ont laissé entendre », insiste M. Lahrach, ajoutant que la défense de M.M peut naturellement contester cette décision par les voies judiciaires prévues.
Interrogé sur un éventuel lien avec une Grâce Royale accordée antérieurement à M.M, M. Lahrach est catégorique : il n’existe aucune corrélation entre celle-ci et la procédure actuelle. « La Grâce Royale concernait une affaire distincte. Le crime de blanchiment de capitaux en cours d’instruction est autonome, avec ses propres éléments constitutifs et son régime juridique indépendant », explique-t-il.
Le représentant du ministère public rappelle également que M.M bénéficie de toutes les garanties d’un procès équitable, et que l’instruction suit son cours en toute impartialité, notamment dans le cadre de commissions rogatoires internationales actuellement en cours.
Alors que le dossier de M.M suscite un vif intérêt médiatique, les autorités judiciaires rappellent la nécessité de respecter les procédures en vigueur et de ne pas céder à la désinformation. La justice, dans sa mission fondamentale, continue de traiter cette affaire avec rigueur, indépendance et dans le respect strict des droits de la défense.