L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a de nouveau tiré la sonnette d’alarme concernant la persistance de la hausse des prix touchant l’ensemble des produits de consommation. Elle a exprimé son rejet du chaos provoqué par les travaux liés à l’organisation du Mondial, ainsi que des ordres d’expulsion et de démolition de maisons, entraînant le déplacement de leurs habitants.
Dans un communiqué de son bureau central, l’association a critiqué la conjoncture économique actuelle, qu’elle attribue à la corruption et à la généralisation de la rente. Elle a averti que l’absence de mesures concrètes pour réduire les prix et prendre en compte le pouvoir d’achat de la majorité des citoyens pourrait conduire à une explosion sociale.
L’AMDH s’est également dite profondément préoccupée par les préparatifs de la Coupe du Monde, qui s’accompagnent de travaux soudains dans plusieurs villes, provoquant un désordre sur les routes et suscitant le mécontentement des habitants. L’association a dénoncé la menace de démolition de propriétés privées – certaines ayant déjà été détruites sous prétexte d’élargir les voies – et a souligné que la préparation du Mondial ne saurait justifier la destruction de biens privés.
La principale organisation de défense des droits humains au Maroc a condamné la campagne menée récemment par l’État contre certains habitants de plusieurs villes, villages et douars. Cette campagne, orchestrée par le ministère de l’Intérieur, se traduit par des ordres d’expulsion et la démolition de maisons, laissant de nombreuses familles sans abri dans diverses régions du pays.
Par ailleurs, l’association a dénoncé les poursuites judiciaires visant plusieurs journalistes, blogueurs et militants des droits humains. Ces actions, selon elle, témoignent d’un recul alarmant des libertés publiques, dans un contexte marqué par la volonté de l’État de museler toutes les voix critiques opposées à ses politiques jugées contraires aux droits humains.
La flambée des prix et le chaos économique ont déclenché des protestations au marché hebdomadaire de Rabat El Kheir, anciennement connu sous le nom d’Ahermoumou, dans la province de Sefrou. Ce marché a été le théâtre de manifestations contre la hausse des prix et les spéculations sur les produits de base. Selon des sources locales, les habitants ont appelé au boycott des commerçants du marché hebdomadaire et ont empêché certains d’entre eux de vendre leurs marchandises, en signe de protestation contre les augmentations répétées des prix. La contestation, qui a d’abord visé les vendeurs de poisson et de viande rouge, s’est ensuite étendue aux autres commerçants. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des manifestants renversant des marchandises et jetant des caisses de légumes au sol pour exprimer leur colère.
Les protestations contre les pratiques spéculatives se sont intensifiées, les consommateurs accusant certains intermédiaires et monopoleurs de faire grimper les prix de manière injustifiée. De nombreuses voix se sont élevées pour demander aux autorités d’intervenir d’urgence afin de réguler les prix et de renforcer la surveillance des spéculateurs.
Face à cette situation, le groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS) a adressé une question écrite à Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des Finances, sur les mesures prises pour contrôler les prix et limiter la flambée des coûts. Le groupe a souligné que la plupart des produits alimentaires, de consommation courante et des services connaissent une augmentation constante, particulièrement préoccupante durant le mois sacré de Ramadan, ce qui affecte gravement le pouvoir d’achat des ménages marocains, y compris la classe moyenne et les catégories les plus vulnérables.
Le PPS a rappelé que, bien que la loi sur la concurrence repose sur le principe de l’offre et de la demande et la liberté des prix, elle permet également un plafonnement temporaire des prix et impose la protection des consommateurs contre les pratiques illégales telles que les accords anticoncurrentiels, les spéculations et le stockage clandestin de marchandises.
Le groupe a exhorté le gouvernement à surveiller les chaînes de commercialisation et de distribution afin de prévenir les manipulations de certains grands intermédiaires. Ces manipulations, selon le PPS, entraînent des marges bénéficiaires excessives et des prix bien supérieurs à leur valeur réelle.
Compte tenu de l’impact sévère de la cherté de la vie sur les citoyens, le groupe parlementaire a insisté sur la nécessité pour le gouvernement de prendre des mesures concrètes et efficaces. Il a suggéré l’utilisation des instruments fiscaux et douaniers pour atténuer les effets de la hausse des prix, qui pèse lourdement sur les ménages marocains.
La députée Fatima Tamni, de la Fédération de la gauche démocratique, a également remis en question l’efficacité du numéro vert (5757) mis en place par le ministère de l’Intérieur pour signaler les abus de prix. Dans une question écrite adressée au ministre de l’Intérieur, elle a souligné que sans plafonnement officiel des prix, cet outil risque de se limiter à la collecte de données sans réel impact sur le marché.
Tamni a également critiqué les écarts importants de prix entre les différentes régions du pays, en particulier pour les produits de base comme le poisson, les fruits et les légumes. Elle a appelé à l’adoption de mesures plus rigoureuses pour encadrer les prix, comme le plafonnement temporaire ou la publication de listes de référence, à l’instar de ce qui a été fait lors de la précédente campagne de boycott.
Elle a conclu en insistant sur l’urgence d’une intervention des autorités pour imposer des contrôles stricts et des sanctions sévères contre les contrevenants, afin de protéger les citoyens de l’exploitation et de la spéculation.