Le gouvernement est enfin sorti de son silence concernant les exonérations fiscales sur l’importation de moutons durant les fêtes de l’Aïd al-Adha en 2023 et 2024. Cependant, il est resté muet sur l’importation des bovins, qui constitue pourtant le véritable enjeu. Cette prise de parole tardive intervient après un long débat politique, abordé aussi bien par la majorité (Nizar Baraka, Rachid Talbi Alami, Ryad Mezzour) que par l’opposition (Nabil Benabdallah…). Ce n’est qu’après que la question soit devenue une affaire d’opinion publique que le gouvernement a décidé de réagir. Mais que dit son communiqué ? Il illustre parfaitement l’adage : « un mauvais prétexte est pire qu’une faute ».
« Le gouvernement estime que ces mesures ont eu un impact concret sur l’offre et la disponibilité des moutons lors de l’Aïd al-Adha 2023 et 2024, en plus de contribuer à la préservation du cheptel national. Elles ont également permis d’assurer l’approvisionnement des marchés en viande rouge et de maintenir la stabilité des prix, évitant ainsi des hausses excessives. »
Un paragraphe qui montre que le gouvernement n’a aucun rapport avec la vérité et ne s’en soucie guère. Avant de parler d’impact concret et de renforcement de l’offre, il faudrait d’abord s’assurer de l’existence même des moutons importés sur le marché. Ont-ils vraiment été présents ? Comment se fait-il que personne ne les ait vus ? Pourquoi ont-ils disparu des marchés, étant thésaurisés, voire accaparés après la fête ? Il est inconcevable qu’un gouvernement dépense des millions de dirhams pour importer environ 400 000 têtes en 2023 et 500 000 en 2024, puis prétende avoir renforcé l’offre.
Premièrement, ces moutons importés étaient totalement absents des marchés et n’ont pas été mis en vente durant la période de l’Aïd. Deuxièmement, comment peut-on prétendre renforcer l’offre avec ces chiffres alors que le nombre de têtes prêtes pour le sacrifice avoisinait 5,5 à 6 millions ?
Admettons, par hypothèse absurde, que le gouvernement ait raison : quel a été l’impact sur le citoyen en termes de consommation durant l’Aïd ? Pourquoi les prix des moutons n’ont-ils pas baissé durant cette période ? Pourquoi ont-ils, au contraire, flambé de manière vertigineuse ? Le citoyen n’a aucun problème avec le soutien financier accordé à certains secteurs par le gouvernement. Son problème réside dans le fait que ce soutien, financé par les impôts des contribuables, ne se reflète pas sur son pouvoir d’achat.
Les taxes devraient bénéficier aux citoyens de manière tangible. Mais lorsque ces exonérations fiscales profitent uniquement aux grands importateurs, contribuant ainsi à leur « engraissement » ou à « ajouter du gras sur le dos du bien nourri », cela devient une injustice flagrante, ni légale ni légitime. L’argent des citoyens, lorsqu’il est prélevé sous forme d’impôts, doit leur revenir sous forme de services. Lorsqu’il est distribué sous forme de subventions, il doit se traduire par des prix plus abordables. L’affirmation du gouvernement selon laquelle la levée des droits de douane sur l’importation de moutons a renforcé l’offre rappelle les promesses du « Plan Maroc Vert », qui a englouti plus de 52 milliards de dirhams pour un résultat désastreux.