Nous avons vite oublié l’affaire de la vente de l’eau « désalinisée » parce qu’il y a des choses encore plus « sucrées » que cela… Et comment les réseaux sociaux pourraient-ils être intéressants sans mentionner les « génies » que le temps a produits ? Des génies qui ne nécessitaient ni savoir ni science, mais qui avaient besoin d’un moteur capable de transformer leurs défauts moraux, psychologiques et sociaux en usines qui rapportent de l’or, tout en produisant des valeurs destinées à dominer.
Il y a quelques semaines, le sujet était la vente remportée par l’une des entreprises du Premier ministre. Un contrat portant sur la dessalement de l’eau de mer. Et, par aventure et prise de risques, cet accord comprenait une vente préalable du produit pour une durée de trente ans. Un dossier qui n’aurait pas dû se terminer sans que chacun goûte à sa saveur amère, mais il a suffi de jeter un caillou sur le chemin pour que tout le monde trébuche.
L’oubli n’est plus un acte naturel, mais une pratique coûteuse dans laquelle des milliards sont dépensés. Il suffit de détourner l’attention du public vers une question moins importante ou insignifiante pour qu’il oublie l’essentiel.
La hiérarchisation des priorités est le rôle des intellectuels. Il semble que ce rôle ait disparu aujourd’hui. La plupart des intellectuels sont également impliqués dans ce processus de distraction, soit par bêtise, soit par cupidité.
Il n’aurait pas fallu que l’intellectuel abdique sa position pour obtenir la bénédiction du peuple. On dit que le peuple est l’avant-garde. L’avant-garde comprend les organisations politiques, civiles, les groupes culturels, les intellectuels et tous ceux qui sont capables de produire du savoir. Cette avant-garde ne se distingue plus du reste de la population que par sa capacité à gravir les échelons sociaux rapidement.
Quelle est notre relation avec un contrat qui gaspille des milliards, alors qu’il y a des choses plus importantes ? N’est-ce pas le code que tout le monde débat, qu’il soit un expert ou non, qui est notre sujet du jour ?
Cela ne veut pas dire que le code n’est pas important, car il représente un combat culturel mené par certains consciemment et par d’autres inconsciemment. Mais ce qui est vraiment insignifiant, voire futile, dans cette discussion, c’est la manière dont elle est menée, devenue un simple moyen de distraction.
Comment pouvons-nous être concernés par un contrat qui gaspille des milliards alors qu’il y a des choses plus importantes ? N’est-ce pas l’histoire de ce jeune homme qui, au lieu de devenir une figure locale, a acquis une dimension mondiale, et dont tout le monde devrait parler ? Qui a dit que « le repentir » était une affaire personnelle ? Pourquoi ne pourrait-elle pas devenir une source de revenu et de subsistance ? N’est-ce pas là une manière d’exploiter « la religion » pour s’enrichir ?
Pourquoi certains contenus sont-ils mis en avant sur les réseaux sociaux ? Est-ce lié au sujet ou est-ce une question d’algorithmes qui régissent la montée et la descente des vues ?
Il n’y a pas de hasard dans un domaine construit sur la science dans le but de pratiquer la « manipulation ».
Herbert Schiller, dans son ouvrage Les Manipulateurs de l’esprit, explique que celui qui possède les médias contrôle les esprits. Et qu’en est-il de ceux qui possèdent les « réseaux sociaux », qui s’immiscent dans la vie de l’individu et exercent leur domination dans des espaces où les médias traditionnels ne peuvent pénétrer ? Cela rejoint l’intellectuel qui vend son opinion aux médias pour l’argent et la célébrité, et qui aujourd’hui a la possibilité de gagner de l’argent grâce à « l’avilissement » et de posséder la gloire grâce à « l’abaissement ».
Ainsi se constitue la machine qui peut distraire un peuple dont les conditions de vie sont misérables.