La Direction générale de la météorologie (DGM) a dévoilé, vendredi à Rabat, son rapport annuel sur l’état du climat au Maroc pour l’année 2024. La présentation s’est tenue en présence du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, soulignant l’importance stratégique de cet outil dans la gestion des politiques publiques face aux défis climatiques.
Publié pour la cinquième année consécutive, ce rapport dresse un diagnostic précis de l’évolution des indicateurs climatiques au Maroc et revient sur les phénomènes météorologiques extrêmes qui ont marqué l’année écoulée, tant sur le plan environnemental que socio-économique.
Dans son allocution, M. Baraka a qualifié ce rapport de « référence scientifique et stratégique », essentielle pour anticiper les risques tels que les sécheresses et les inondations. Il a insisté sur le fait que ce document dépasse le simple cadre institutionnel pour devenir un outil d’aide à la décision, orientant les investissements vers des secteurs durables et soutenant la planification territoriale à long terme.
« L’information environnementale est aujourd’hui un levier fondamental de l’action publique. Il est temps de l’intégrer systématiquement dans toutes nos politiques et stratégies », a-t-il déclaré, appelant à une mobilisation collective de l’ensemble des acteurs — publics, privés, académiques et associatifs.
Le ministre a également mis en avant le rôle des nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle et la télédétection par satellite, dans l’amélioration de la surveillance climatique et la modélisation des scénarios futurs.
Le rapport, présenté par le directeur général de la météorologie, Mohamed Dkhissi, révèle que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le Royaume, avec une anomalie moyenne de température de +1,49 °C par rapport à la normale climatologique 1991-2020. Une tendance qui s’inscrit dans le prolongement du réchauffement climatique mondial, dont le seuil symbolique de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle a été franchi pour la première fois.
Les mois de janvier et novembre 2024 ont ainsi connu des températures records, tandis que plusieurs vagues de chaleur intenses ont été observées au cours de l’été. Des pics historiques ont été atteints, notamment à Béni Mellal (47,7 °C) et à Marrakech (47,6 °C).
Sur le plan hydrique, le constat est tout aussi préoccupant. Le Maroc a connu un déficit pluviométrique national de -24,8 %, accentuant une sécheresse persistante pour la sixième année consécutive. Malgré quelques épisodes de précipitations localisées, notamment en septembre dans les régions de l’Atlas, du Sud-Est, de l’Oriental et de Tata, la tendance globale reste déficitaire. Ces événements ont toutefois été à l’origine d’inondations majeures et ont provoqué, fait exceptionnel, la réapparition du lac Iriqui, asséché depuis près de cinquante ans.
L’année hydrologique agricole 2023-2024 s’est ainsi révélée être la plus sèche depuis les années 1960, avec un déficit de précipitations de 46,64 %, accentué par le manque de neige et des températures anormalement élevées.
À travers cette publication, la DGM réaffirme son engagement à fournir des données climatiques fiables pour accompagner les secteurs vulnérables et soutenir une planification nationale résiliente face aux dérèglements climatiques croissants.